Le prospectus de l’hôtel clair: « situé au pied du mont Olympe ».
L’idée d’aller tutoyer un dieu n’irait pas sans me plaire. Je me contenterais même d’un dieu de seconde zone. Ma condition sociale me permet-elle de pousser l’ambition jusqu’à exiger la présence de Zeus à ma table?
Alors voilà. Effectivement, le mont Olympe est bien là. Et je passe bien du temps à en observer le sommet. Si Zeus passait par là et avait la bonté de flasher sur ma petite personne.
Pour l’instant, pas beaucoup de résultat à mon expérience. Tout ce que j’ai pu observer, c’est le parking à l’arrière de l’hôtel, l’autoroute et la voie de chemin de fer à un jet de pierre et le bruit des groupes de conditionnement d’air sans lesquels il serait impossible de résister plus de deux heures. Mais, nom de Zeus, pas le moindre dieu à l’horizon.
Serait-ce à dire que les dieux sont partis? Peut-être écœurés par le spectacle de la pleine à leurs pieds? Là où le touriste moyen trouve tout ce qui est nécessaire à ses besoins les plus pressants. Au prix du saccage du patrimoine, comme à Mycènes*, par exemple, où une bonne dalle de béton coulée sur les ruines antiques permet maintenant aux pieds les plus délicats de parcourir l’ensemble du site sans risque pour ses chevilles.
L’important est de plaire aux dieux; qu’ils dépensent leurs sous. Et tant pis pour ces vieux tas de cailloux. Agamemnon rime avec pognon. Tant que c’est exploitable, on exploite.
Mais les dieux ont changé. Je m’en retourne guetter à la fenêtre. Sans grand espoir.
Zeus, si tu existes, envoie-moi un signe.
* DUF m’en a bien déjà envoyé un, lui.