Archive for juillet 25, 2009

Les nouveaux dieux de l’Olympe

Le prospectus de l’hôtel clair: « situé au pied du mont Olympe ».

Le Mont Olympe

L’idée d’aller tutoyer un dieu n’irait pas sans me plaire. Je me contenterais même d’un dieu de seconde zone. Ma condition sociale me permet-elle de pousser l’ambition jusqu’à exiger la présence de Zeus à ma table?

Alors voilà. Effectivement, le mont Olympe est bien là. Et je passe bien du temps à en observer le sommet. Si Zeus passait par là et avait la bonté de flasher sur ma petite personne.

Pour l’instant, pas beaucoup de résultat à mon expérience. Tout ce que j’ai pu observer, c’est le parking à l’arrière de l’hôtel, l’autoroute et la voie de chemin de fer à un jet de pierre et le bruit des groupes de conditionnement d’air sans lesquels il serait impossible de résister plus de deux heures. Mais, nom de Zeus, pas le moindre dieu à l’horizon.

Serait-ce à dire que les dieux sont partis? Peut-être écœurés par le spectacle de la pleine à leurs pieds? Là où le touriste moyen trouve tout ce qui est nécessaire à ses besoins les plus pressants. Au prix du saccage du patrimoine, comme à Mycènes*, par exemple, où une bonne dalle de béton coulée sur les ruines antiques permet maintenant aux pieds les plus délicats de parcourir l’ensemble du site sans risque pour ses chevilles.

L’important est de plaire aux dieux; qu’ils dépensent leurs sous. Et tant pis pour ces vieux tas de cailloux. Agamemnon rime avec pognon. Tant que c’est exploitable, on exploite.

Mais les dieux ont changé. Je m’en retourne guetter à la fenêtre. Sans grand espoir.

Zeus, si tu existes, envoie-moi un signe.

* DUF m’en a bien déjà envoyé un, lui.

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Gastronomie sans déception possible

On dit parfois que la gastronomie hellène est d’une rigoureuse platitude, voire d’une lassante uniformité.

J’ai vraiment envie de m’inscrire en faux contre cette assertion.

taberna

La carte des restaurants réserve souvent quelques surprises. Vous en rêviez depuis dix jours et voilà qu’enfin figure au menu LE met convoité. Votre décision est prise. Vous n’y dérogerez pas. Passons la commande.

Perfide, le serveur vous annonce alors: « Sorry, we don’t have ». Dans la foulée, il vous pointe ensuite tous les items de la carte qui sont temporairement indisponibles (« we don’t have, we don’t have »). Pas de chance, tous les autres plats tentants sont dans la liste.

Mais, il vous restera le tarama, le tzatziki, la féta, les calamars, la salade grecque -avec féta et tomates- et les brochettes (liste exhaustive). Le reste de la carte aura probablement été imaginé par quelque ancien propriétaire de l’auberge, ne manquant pas d’ambition culinaire. Personne n’ayant jamais réclamé les sushis à la mode de Platon, la potée à la cigüe ou le Munster coiffé avec féta, ils sont tombés en désuétude -avec les autres plats originaux- dans les cuisines hellènes.

Bah! Ne serais-je pas médisant? L’exagération n’étant pas affaire de rhétorique, puis-je tenter de me racheter par un e anecdote vécue? Presque du direct. Une nouvelle entrée figure sur une carte aujourd’hui: il s’agit d’un gratin de tomates à la féta. A essayer! Que prendre pour suivre? La carte propose du calamar; mais la préparation semble inhabituelle. Une farce est proposée. Va pour le calamar farci. La preuve est faite, j’ai été médisant.

Jusqu’au moment où, après la dégustation de la petite entrée de tomate à la féta, un calamar de belle taille fait son apparition à table. Le rideau tombe enfin sur la nature de la farce: des tomates délicatement mélangées avec de la féta. Dé-li-cieux.

Ne nous leurrons toutefois pas. Presque chacun des plats proposés dans un restaurant figure au menu du restaurant voisin. Et aux menus des restaurants des villes voisines et des provinces voisines. Mais le vrai gourmet ne manquera pas de constater les petites différences qui caractérisent le génie de tel ou tel cuisinier. Là, le tarama est servi avec une olive au centre; là, il est servi avec un piment. Ici, il est servi avec une sauce citronnée; là, un quartier de citron est disposé sur le côté de l’assiette.

Quant au goût, il est bien rare que ce tarama-ci diffère de ce tarama-là. Une chose est sûre: dans les restaurants hellènes, la déception « we don’t have ». C’est impossible.

Bon, qu’est-ce qu’on mange, ce soir?

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La guerre mondiale a re-commencé

Quoi de plus déroutant que d’arriver dans un aéroport d’un pays ou d’une contrée inconnue ou méconnue?

J’avais déjà connu, il y a bien longtemps, l’arrivée dans un pays du « bloc de l’Est », même court après la chute du mur.

A Budapest, en 1997, quelque chose de dépaysant nous attendait: des militaires en arme (Kalachnikov, sans doute, mais je n’ai pas demandé à vérifier) pour encadrer l’arrivage de touristes. Ensuite, la mine patibulaire du garde-frontière chargé de vérifier les passeports; mais ne pouvait-on penser qu’il s’agissait bel et bien d’une mine de fonction?

Quelque part, la Guerre Froide commençait à sentir le réchauffé, mais elle n’était pas officiellement terminée. C’était encore la guerre, John. Et puis, on aurait même été déçu si l’Office de Tourisme n’avait pas organisé ce divertissement.

Voilà qu’une nouvelle expérience vient s’ajouter à la précédente. Cette fois, une délégation d’infirmières en arme nous attendait de pieds fermes. Masque de protection sur le visage, prose anti-virale distribuée de force à chacun, caméra thermique obligatoire. Plus fort que le mur de Berlin!

C’est clair: nous sommes en guerre. Mais, cette fois, l’ennemi se découvre dans la fièvre qui vous surprend dans l’avion. C’est la Guerre Chaude.

Le Monde a bien changé.

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